Brèves Le compositeur Friedrich Cerha est mort
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Le compositeur Friedrich Cerha est mort

15/02/2023
© SF/ Helmut Schaffler

Également violoniste et chef d’orchestre, le musicien autrichien était notamment célèbre pour avoir complété la partition de Lulu, laissée inachevée par Alban Berg : il a orchestré tout le troisième acte, créé au Palais Garnier,  en 1979, dans la production dirigée par Pierre Boulez, et mise en scène par Patrice Chéreau.

Né à Vienne en 1926, Friedrich Cerha commence à écrire de la musique dès l’âge de 9 ans. Il étudie la composition, mais également le violon, la musicologie et la philosophie dans la capitale autrichienne. Il y enseignera d’ailleurs rapidement à son tour, notamment à la Hochschule de la ville. En 1956, le jeune musicien participe à l’école d’été de Darmstadt (« cours d’été internationaux pour la nouvelle musique ») et assiste aux cours de Rudolf Kolisch et d’Eduard Steuermann. Deux ans plus tard, il crée l’ensemble Die Reihe (« la série », en référence à la série dodécaphonique), avec sa femme Gertraud Cerha et Kurt Schwertsik. Dédié à la musique contemporaine, l’orchestre de chambre interprète l’essentiel des œuvres pour petit effectif composées par les membres de la seconde école de Vienne, Schoenberg, Berg et Webern.

Après avoir fait ses débuts au Festival de Salzbourg en tant que chef d’orchestre et violoniste en 1965, il y retourne cinq ans plus tard pour présenter quelques pièces de son grand cycle orchestral Spiegel, qui reçoivent un accueil enthousiaste. En 1981, toujours dans la ville de Mozart, il voit la création de son opéra Baal d’après Bertolt Brecht. Un immense succès, qui marque un tournant dans sa carrière. « Voilà comment faire de l’opéra aujourd’hui », titre le média Neues Volksblatt, comme le rapporte un communiqué transmis par le Festival de Salzbourg. S’ensuivent d’autres œuvres lyriques : Der Rattenfänger, Der Riese vom Steinfeld et Netzwerk.

Explorant dans un premier temps la musique sérielle, il s’affranchit progressivement de ce carcan qu’il trouve trop rigide. Il fait alors beaucoup parler de lui dans les années quatre-vingt-dix, notamment grâce à deux œuvres orchestrales : Langegger Nachtmusik III et Impulse. Dans sa dernière phase de composition, Friedrich Cerha s’attelle à plusieurs concertos, dont un pour soprano et saxophone. En 2019, l’Orchestre symphonique de la Radio de Vienne crée ses Drei Situationen pour orchestre à cordes au Festival Wien Modern.

« La contribution que Friedrich Cerha a apportée à la nouvelle musique en Autriche est pareille à nulle autre ; il a donné une forte impulsion à notre vie musicale ces dernières décennies. Sa renommée de compositeur n’est plus à démontrer. Fondateur de plusieurs ensembles et mentor de jeunes musiciens, Friedrich Cerha a eu un impact considérable sur notre paysage musical, nous lui devons notre plus profond respect et notre plus grande gratitude », a réagi le directeur artistique du Festival de Salzbourg, Markus Hinterhäuser. Friedrich Cerha est mort à Vienne, le mardi 14 février, à l’âge de 96 ans.

ROXANE BORDE

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