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Evénement

L’opéra américain fêté au Palais Garnier

02/03/2022
A QUIET PLACE - Photo de répétition -
© Vincent Pontet

Alexander Neef l’avait annoncé, en prenant la tête de l’Opéra National de Paris : ce haut lieu du répertoire, comme, parfois, de l’avant-garde, d’un genre jusqu’alors représenté sous un jour presque exclusivement ­européen, allait enfin s’ouvrir – la nomination de Gustavo Dudamel au poste de directeur musical n’y était d’ailleurs pas étrangère – à l’opéra américain. Quelques programmes de ballet exceptés, Philip Glass et John Adams n’avaient ainsi eu, ni l’un, ni l’autre – sinon ce dernier, le 22 septembre 2021, pour quelques minutes de Doctor Atomic, portées à incandescence par Gerald Finley, lors du concert inaugural du chef vénézuélien, comme une promesse pour une saison à venir ? –, les honneurs de l’Opéra Bastille ou du Palais Garnier.

Plus inattendu, peut-être, car moins « savant » de réputation, à cause de West Side Story, estampillé « Broadway » pour l’éternité, Leonard Bernstein, à partir du 9 mars, ouvre le feu – et un cycle, peut-être. Avec son œuvre la plus personnelle – tant il y a, paraît-il, mis de lui-même –, et la plus impitoyablement américaine. A Quiet Place est la suite de Trouble in Tahiti (1952), où le couple, censément modèle, formé par Dinah et Sam se délite. Trente ans plus tard, l’épouse vient de se tuer dans un « accident » de voiture, et leur fils Junior, parti pour le Canada, afin d’échapper à la conscription, est de retour pour les funérailles, en compagnie de son ex-amant François, devenu le mari de sa sœur Dede.

Remanié à plusieurs reprises, du vivant du compositeur comme après sa disparition, en 1990, A Quiet Place sera créé au Palais Garnier dans sa version resserrée de 2013, sans flash-back à Trouble in Tahiti, enregistrée par Kent Nagano pour Decca, en 2017, avec un ensemble de dix-huit musiciens (voir O. M. n° 141 p. 80 de juillet-août 2018). Disciple de Bernstein, le chef américain remettra la partition sur le pupitre, cette fois face au grand effectif originel, restitué par Garth Edwin Sunderland.

Portée par un luxueux quatuor de protagonistes – Patricia Petibon, Gordon Bintner, Frédéric Antoun, Russell Braun –, la distribution brillera aussi par la netteté des silhouettes dessinées, dans le funérarium du premier acte, par Helene Schneiderman, Loïc Félix ou Régis Mengus. Et Krzysztof Warlikowski mettra en scène les retrouvailles de cette famille dysfonctionnelle, lointaine descendante des Atrides d’Iphigénie en Tauride, dont la forme souvent singulière trouve un écho symbiotique dans son théâtre écorché.

MEHDI MAHDAVI

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