On en parle Avec les enfants : nos sorties coup de cœur
On en parle

Avec les enfants : nos sorties coup de cœur

11/02/2023
« En avant la musique ! » © Musée en Herbe

L’expo «  En avant la musique ! », au Musée en Herbe, et le spectacle Mes petits classiques, au Théâtre La Boussole, nous ont séduits par leur peps et leur interactivité. Idéal pour occuper les plus jeunes pendant les vacances scolaires… et peut-être faire naître des vocations ?  

Un spectacle : Mes petits classiques 

À force de courir d’un aéroport à l’autre, Marcellin Clef de Sol est devenu tête en l’air. Lorsque le maestro arrive dans son atelier pour répéter, les instruments sont là, mais pas ses musiciens… il s’est trompé de jour ! D’autres auraient pesté, tempêté ; lui pas. Quitte à s’être déplacé, il va en profiter pour présenter les « membres » les plus éminents de son orchestre et solliciter, pour cela, la participation active des enfants (à partir de 4 ans). Les volontaires pourront venir essayer le piano, la timbale, le xylophone… tout, sauf les instruments à vent car, ça, « c’est comme les brosses à dents », ça ne se prête pas. 

À chaque fois qu’il fait découvrir un objet, le chef le rattache d’abord à sa famille (cordes, bois…), puis il en décrypte la technique. Jouer de la clarinette, rappelle-t-il, implique d’en avoir humidifié l’anche, sans quoi elle n’émettra que des sons de frein de vélo. Chacun des dix-sept instruments est, ensuite, associé à un ou plusieurs morceaux dans lesquels il joue un rôle déterminant. Que seraient Aida et sa marche triomphale sans la trompette ? La vida breve de Manuel De Falla sans la contribution de la guitare ? Le Rondeau des Indes Galantes de Rameau sans le tambour de basque ? 


Nicolas Dereatti (Marcellin Clef de Sol) dans Mes petits classiques.
© Théâtre La Boussole

Parce que Marcellin est un chaleureux et facétieux pédagogue, les enfants ne se font pas prier pour monter sur scène. Quant à leurs parents, ils goûtent la polyvalence, autant que les nombreuses anecdotes de l’homme-orchestre. Beaucoup d’entre eux croiront découvrir le glockenspiel qui leur est, pourtant, bien familier. Ce cousin du xylophone n’est pas seulement une pièce maîtresse de la bande-son de la saga Harry Potter ; c’est lui qui fait entendre son timbre cristallin lorsque Papageno agite ses clochettes dans Die Zauberflöte. On raconte, d’ailleurs, que Mozart se cachait pour en jouer lui-même, lors des représentations. Rappelant que ce génie composait avant même de savoir lire, Marcellin espère faire germer des vocations. « Un jour, j’aurai peut-être le plaisir de vous diriger », lance-t-il à l’assistance en guise de salut. Mais, oui, qui sait ? Et si cette initiation n’éveille « que » de futurs mélomanes, la partie est déjà gagnée. 

Recommandé pour les 4-8 ans. Au Théâtre La Boussole, à Paris.

À voir aussi : Mes petits opéras, à partir de 7 ans.

Une expo :  « En avant la musique ! Du phonographe au numérique » 

Pour tous les parents, c’est la même chanson. Parlez à vos mômes du baladeur de votre adolescence ou du mange-disque de votre enfance, et ils vous dévisageront avec les mêmes gobilles que s’ils croisaient un diplodocus ! Pourtant, il s’est passé bien des choses, avant que Papa puisse écouter son opéra favori sur son smartphone… Attachée à retracer l’épopée de la musique enregistrée, la nouvelle exposition du Musée en Herbe s’ouvre sur un superbe ensemble de « machines parlantes » prêtées par le Phono Museum de Paris et elle rappelle, avec lui, quelques fondamentaux. C’est grâce à Thomas Edison, l’inventeur du phonographe, que la voix fut, pour la première fois, reproduite sur un support (un cylindre) en 1877. Le premier disque, conçu par l’allemand Emil Berliner, n’est entré en piste que dix ans plus tard sur un gramophone, et il fallut encore quelques tours de chauffe avant que l’industrie discographique ne façonne sa première star internationale : le ténor italien Enrico Caruso. 


Enrico Caruso écoutant sa propre voix sur un appareil Victor.
© Library of Congress

Lunettes en forme de guitare sur le nez, les plus jeunes explorent le temps en tentant de répondre au quizz de leur « livret de musicien ». Des années vingt à quatre-vingt, ils font connaissance avec le 78 tours, le Teppaz, etc., dans des mises en scène dont l’effet « madeleine de Proust » marche à plein tubes. Profitant de cette plateforme propice aux échanges intergénérationnels, Papy peut expliquer comment fonctionnait sa platine à deux vitesses ; Maman constater qu’elle n’était pas la seule lycéenne à rembobiner les bandes de ses cassettes avec un stylo, quand elles finissaient en accordéon. Aux murs, des téléphones (à fil !) permettent de se replonger dans l’ambiance sonore de chaque époque. Offenbach, Ravel, les Yéyés ou les Rita Mitsouko : il suffit de décrocher pour répondre à l’appel des souvenirs. 

Après ce regard dans le rétro, deux sections décryptent le fonctionnement d’un studio et les différents métiers du disque. Très interactives, elles piquent autant la curiosité des enfants que celle des adultes, et tous le constatent en bidouillant leur voix sur une mini-table de mixage : il n’y a pas d’âge pour se marrer comme un gamin ! À l’issue du parcours, chacun appréciera l’évolution phénoménale qui a conduit du cylindre au streaming. Et l’expo de résonner comme une mise en garde amicale aux jeunots qui chambrent les seniors d’un « OK Boomer ». Au rythme où va la musique, eux aussi peuvent, très vite, se transformer en dinosaures.  

À partir de 3 ans.

Au Musée en Herbe, à Paris, jusqu’au 21 mai 2023.

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