On en parle Un musée pour Caruso
On en parle

Un musée pour Caruso

25/02/2023
© Library of Congress

Alors que ce 25 février 2023 marque le 150ème anniversaire de sa naissance, la ville natale du ténor italien Enrico Caruso vient d’annoncer qu’elle lui ferait, cet été, les honneurs d’un musée. 

Même les publics les plus éloignés de l’opéra connaissent son nom. Entré dans l’Olympe des voix les plus populaires de l’histoire de la musique, Enrico Caruso est né dans une famille pauvre de Naples, le 25 février 1873 ; il y est mort à 48 ans, le 2 août 1921, après avoir fait résonner le chant lyrique et rayonner la ville dans le monde entier. Alors qu’aucun musée d’envergure n’y célébrait sa mémoire, le ministère italien de la Culture a récemment annoncé, lors d’une conférence de presse à Rome, l’ouverture d’un espace permanent dédié au virtuose transalpin.  

Le musée Caruso, dont l’ouverture est fixée au 20 juillet, sera situé en plein cœur de la zone touristique, à l’intérieur du Palazzo Reale, l’un des principaux monuments de la capitale de la Campanie. Sur 500 mètres carrés, il présentera un ensemble d’affiches, disques, partitions, costumes, meubles, gramophones, et s’appuiera sur les technologies modernes – animations 3D, plateformes multimédias, installations musicales et cinématographiques – pour faire revivre les souvenirs et le glorieux passé du Napolitain. La mairie a fait don de ses actes de naissance et de décès au nouveau lieu culturel dont l’ambition est de séduire un public hétérogène mêlant initiés, passionnés, mais aussi les enfants et visiteurs du monde entier. 

Dépasser une blessure


La dernière photo d’Enrico Caruso, prise au Grand Hotel Vesuvio de Naples. © Library of Congress

Le parcours rappellera-t-il qu’invité, en 1901, au prestigieux Teatro di San Carlo, l’enfant du pays fut à tel point meurtri par l’accueil réservé à sa prestation dans L’elisir d’amore de Donizetti qu’il jura de ne plus jamais s’y produire – et tint son serment ? Face aux journalistes, le ministre Gennaro Sangiuliano n’a pas masqué « une relation difficile avec sa ville natale »Mais « il a amené Naples au monde et maintenant Naples, cent cinquante ans après sa naissance, répare cette blessure en l’honorant avec un musée situé dans le même complexe que son bien-aimé Teatro di San Carlo », a-t-il déclaré.

Musicologue et conservatrice du futur établissement, Laura Valente a, pour sa part, rappelé que l’artiste fut « le premier pur-sang de l’industrie du disque ». Car c’est aussi en ayant compris et utilisé l’immense potentiel de cette industrie qu’il a conquis la planète. Après un premier enregistrement historique en 1902 pour la Gramophone Company, il récidiva avec quelque 250 airs, permettant à sa voix de toucher des millions de foyers. 

En juillet, l’inauguration devrait avoir lieu en présence de personnalités rappelant les liens que Caruso avait tissés avec les Etats-Unis, où il fut une star et un pilier du Metropolitan Opera. Le maire de New York et le directeur de l’institution y sont attendus. Naples ira-t-elle jusqu’à rebaptiser son aéroport du nom du ténor, comme l’a suggéré Gennaro Sangiuliano à son maire ? Après y avoir fait escale, les passagers pourront, en tout cas, s’envoler pour Athènes où un autre musée est censé ouvrir ses portes cet été : celui dédié à Maria Callas. 

STÉPHANIE GATIGNOL

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