Éditorial Statu quo (éditorial du numéro de février)
Éditorial

Statu quo (éditorial du numéro de février)

24/01/2022

Comme on pouvait le craindre, le Covid-19 a encore fait des ravages dans les théâtres et salles de concert, en ce mois de janvier, avec une cascade d’annulations tous azimuts : l’ensemble de la Semaine Mozart (Mozartwoche) de Salzbourg, toute la programmation de l’Opéra National de Finlande jusqu’au 28 février, Carmen à la Monnaie de Bruxelles, Le lacrime di Eros et Salome au DNO d’Amsterdam, les premières représentations de Lo sposo di tre, e marito di -nessuna au Teatro del Maggio Musicale Fiorentino, la première mondiale de Proving Up au Lyric Opera de Chicago, Le Château de Barbe-Bleue à l’Opéra Bastille, Le Messie au Théâtre du Châtelet, le récital d’Ekaterina Semenchuk à la Salle Gaveau, dans le cadre de « L’Instant Lyrique »…

Beaucoup de spectacles, heureusement, ont pu – et peuvent encore – se tenir, mais sous la menace permanente d’un ou plusieurs cas de Covid parmi les solistes, choristes et instrumentistes. Directeurs généraux, artistiques et de casting doivent chaque jour se creuser les méninges pour remplacer tel chanteur, tel musicien d’orchestre, en espérant que leurs collègues n’ont pas déjà été contaminés.

Si l’on en croit les épidémiologistes, la situation devrait s’améliorer dans les semajnes qui viennent. Comment ne pas s’en réjouir ? Au bout de deux années de pandémie, les peuples sont las. Avec, pour ce qui concerne le spectacle vivant, un constat : une partie du public, difficile à quantifier à si court terme, n’a plus envie d’aller s’asseoir dans une salle de concert ou d’opéra. Soit le traumatisme lié aux chiffres des contaminations et des décès a été trop fort, soit l’habitude a été prise de goûter la musique en streaming, confortablement installé chez soi.

Pour les théâtres, le défi est donc considérable, et la période qui commence s’annonce cruciale. Pour eux, le début du printemps est, en effet, le moment du dévoilement de leur future saison, en l’occurrence 2022-2023, avec, à la clé, le renouvellement des abonnements et l’acquisition de nouveaux. Tout ce que l’on peut leur souhaiter, c’est que les spectateurs fassent preuve du même optimisme que les épidémiologistes !

Sur le front du disque, rien de nouveau, sinon l’avalanche prévue d’enregistrements réalisés pendant la pandémie, à un moment où les chanteurs n’avaient plus la possibilité de se produire sur scène. Des récitals, pour l’essentiel, les firmes se montrant toujours aussi frileuses s’agissant des intégrales d’opéra en studio, qui rapportent désormais trop peu en regard de ce qu’elles coûtent. Dans les pages « Guide » de ce numéro, vous trouverez néanmoins la critique du nouveau Pelléas et Mélisande d’Harmonia Mundi, dirigé par François-Xavier Roth – ce mois-ci en couverture – et couronné d’un Diamant d’Opéra Magazine.

Quant au marché du DVD, on a plus que jamais l’impression qu’il avance comme un canard sans tête. Les Tosca, Zauberflöte, Traviata et autres Carmen se succèdent, rarement désastreuses mais encore plus rarement indispensables. Rien ne justifie leur publication, sinon, on l’imagine, l’intérêt personnel des théâtres et des festivals, où elles ont été filmées. Problème : elles encombrent le marché, au détriment de captations véritablement intéressantes, qui se trouvent du coup noyées dans ce flot insipide.

Pour séparer le bon grain de l’ivraie, la presse a sans doute un rôle à jouer. Raison pour laquelle, en ouverture des pages « Guide » de ce numéro, vous trouverez Titon et l’Aurore de Mondonville, filmé par François Roussillon, à l’Opéra-Comique, dans la mise en scène de Basil Twist, avec William Christie au pupitre. En voilà un DVD utile, mieux, indispensable !

RICHARD MARTET

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