Opéras Charmante Dame blanche à Limoges
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Charmante Dame blanche à Limoges

03/02/2023
© Steve Barek

Opéra, 29 janvier

Notre collègue Michel Parouty n’avait pas été pleinement convaincu par la production de Pauline Bureau, lors de sa création, à l’Opéra-Comique, en février 2020 (voir O. M. n° 160 p. 57 d’avril), la trouvant un peu trop au premier degré et manquant d’audace.

Remontée, trois ans plus tard, par Valérie Nègre, à Limoges, elle nous a personnellement charmé, avec son décor fonctionnel, jouant sur les clichés du style « troubadour », son évocation d’une Écosse imaginaire et son traitement d’un fantastique plein de fantaisie.

Rares sont les mises en scène à tenter de retrouver le climat original d’une œuvre du XIXe siècle. Et le résultat, avec son côté bon enfant, son mélange d’humour et de sentimentalisme, nous paraît restituer à merveille l’esprit du livret d’Eugène Scribe.

La distribution, presque entièrement renouvelée, apporte aussi de nombreuses satisfactions. En tout cas, elle ne se situe pas à un moindre niveau que celle de l’Opéra-Comique. Dans le rôle d’Anna, la « Dame blanche » du titre, Mélissa Petit différencie parfaitement les deux faces de son personnage. Sa voix de soprano lyrique léger en pleine maturité et sa technique sans faille se déploient, avec toute la virtuosité voulue, dans son grand air plein d’embûches de l’acte III (« Comme aux beaux jours de mon jeune âge »).

Succédant à Philippe Talbot, Julien Dran n’a peut-être pas un timbre aussi séduisant, mais sa silhouette longiligne et sa désinvolture scénique apportent une véritable fraîcheur à Georges. Sa performance vocale culmine dans la redoutable cavatine « Viens, gentille dame » du II, où le ténor fait montre d’une maîtrise de la ligne de grande classe.

En Jenny, Sophie Marin-Degor, seule transfuge de l’équipe initiale, n’a rien perdu de son abattage, tandis que François Rougier compose un Dikson rustique à souhait. Cécile Galois paraît embarrassée dans la tessiture de l’air d’entrée de Marguerite, mais se révèle parfaitement à l’aise dans les ensembles.

Jean-Luc Ballestra offre au sinistre Gaveston un baryton solide, doté de toute la noirceur voulue. Enfin, Edouard Portal se fait remarquer, en Mac-Irton, par sa basse puissante et richement timbrée, dans la scène de la vente à la bougie.

Particulièrement affûtés, le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra de Limoges, sous la direction compétente de Fayçal Karoui, contribuent au succès d’une production efficace de ce petit chef-d’œuvre du répertoire français, bien trop rarement monté.

ALFRED CARON


© Steve Barek

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