Opéras L’Opéra de Paris reprend Tosca
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L’Opéra de Paris reprend Tosca

30/09/2022
© Opéra National De Paris/Vincent Pontet

Opéra Bastille, 3 septembre

L’Opéra National de Paris a ouvert sa saison 2022-2023, avec Tosca : une quatrième reprise, après 2016, 2019 et 2021, de la mise en scène désormais bien connue de Pierre Audi, créée en octobre 2014 (voir O. M. n° 100 p. 52 de novembre). Si la production manque de puissance dramatique, il faut bien reconnaître que, pour cette série de dix-sept représentations, étalées sur trois mois, avec deux Tosca, deux Cavaradossi et quatre Scarpia différents, elle a le mérite d’être facile à monter.

Déjà présent en 2016, Bryn Terfel impose, une nouvelle fois, son imposante silhouette en Scarpia. Insidieux et impitoyable, presque démoniaque, son redoutable Baron évoque un chat jouant avec la souris qu’il tient entre ses griffes. La voix conserve sa puissance et son mordant, un peu moins large et souple, cependant, qu’autrefois.

À l’acte II, Bryn Terfel trouve en Saioa Hernandez une partenaire à sa démesure, quitte à prendre quelques libertés avec la mise en scène d’origine. La volcanique soprano espagnole déploie un instrument ample, épanoui, avec des aigus radieux. On aimerait, toutefois, davantage d’élégance dans l’émission, et des graves un peu moins poitrinés. Sa Tosca n’en occupe pas moins la scène avec une détermination et une présence qui ont, manifestement, séduit le public.

Joseph Calleja offre une incarnation juste et généreuse de Cavaradossi, avec une ligne de chant soignée, un sens inné des nuances, une grande facilité dans la nuance pianissimo. L’aigu, malheureusement, peine à s’épanouir, et ce dès « Recondita armonia », au I. Au II, « Vittoria ! Vittoria ! » paraît plus convaincant, mais la gêne persiste tout au long du III.

Sava Vemic est un excellent Angelotti, Renato Girolami campant le Sacristain avec la vis comica attendue. Parmi les irréprochables comprimari, on remarque le Spoletta de Michael Colvin. Les Chœurs (adultes et enfants) de l’Opéra National de Paris connaissent parfaitement leur affaire et leurs interventions, dans le « Te Deum », sont d’une rare exactitude.

Dans la fosse, Gustavo Dudamel s’enflamme dès le lever de rideau, avec quelques baisses de tension dans les passages élégiaques. Précise et affûtée, sa baguette soutient avec force les interprètes. Gageons qu’au fil des représentations, le directeur musical de l’ONP réussira à imprimer une empreinte plus personnelle dans cet ouvrage, sur lequel tant de grands chefs ont laissé leur marque.

JOSÉ PONS


© Opéra National De Paris/Vincent Pontet

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