Concerts et récitals Surprenante Lise Davidsen à Peralada
Concerts et récitals

Surprenante Lise Davidsen à Peralada

09/09/2022
Lise Davidsen. © Toti Ferrer

Esglesia del Carme, 4 août

Entre deux représentations à Bayreuth, Lise Davidsen, correctement accompagnée par Sophie Raynaud, a fait des débuts fracassants, dans tous les sens du terme, au Festival « Castell de Peralada ». En termes de puissance vocale, d’abord, dès un « Dich, teure Halle » (Tannhäuser) qui a littéralement cloué dans leur siège les spectateurs de la petite Église du Carmen. En termes d’intensité expressive, ensuite, la soprano norvégienne ayant fait de considérables progrès, ces quatre dernières années, dans l’art intimiste du récital avec piano.

On s’en rend plus particulièrement compte dans les lieder figurant au programme : trois Brahms (Auf dem Kirchhofe, Da unten im Tale, Von ewiger Liebe), trois Richard Strauss (Zueignung, Ruhe, meine Seele !, Morgen !) et trois Grieg (Gruss, Zur Rosenzeit, Ein Traum). Nettement plus sensible aux nuances et à la qualité de l’allemand que dans son récent disque Edvard Grieg (Decca), Lise Davidsen veille à respecter l’architecture intérieure de chaque mélodie, tenant l’auditeur en haleine de la première à la dernière note. Miracle du contact direct avec le public ?

En dehors de « Dich, teure Halle », cheval de bataille de la cantatrice depuis ses débuts, les airs allemands sont admirables. « Du bist der Lenz » (Die Walküre), « Leise, leise » (Der Freischütz) rayonnent de jeunesse et de beauté, dans le timbre comme dans l’accent. « Heia, heia, in den Bergen » (Die Csardasfürstin) manque, en revanche, de la légèreté et de l’esprit propres à l’opérette viennoise.

Lise Davidsen a-t-elle raison de se lancer dans Verdi et Puccini ? Comme d’autres immenses sopranos wagnériennes et straussiennes l’ayant précédée, Birgit Nilsson et Nina Stemme en tête, elle ne veut surtout pas se laisser enfermer dans le répertoire auquel sa nature vocale la prédestine, tout naturellement. Mais le résultat, du moins sur ce que nous avons entendu à Peralada, laisse dubitatif.

« Vissi d’arte » (Tosca) et « Ave Maria » (Otello) semblent un peu écrasés par la démesure des moyens, quels que soient les efforts déployés par l’interprète pour amenuiser le son. L’émotion est là, pourtant, malgré un déficit d’italianità qui peut déranger. Quant à l’air d’entrée de Lady Macbeth (complet, avec lecture de la lettre, récitatif, cavatine et cabalette), il devra être retravaillé pour produire pleinement son effet. Trop d’erreurs dans le texte, de scories dans les attaques et les traits de virtuosité, l’encombrent encore.

Un moment magique, enfin : Ved Rondane, mélodie norvégienne de Grieg, d’une grâce poétique et d’une inspiration quasi divine que nous ne sommes pas près d’oublier.

RICHARD MARTET


Sophie Raynaud et Lise Davidsen. © Toti Ferrer

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