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Découvrir l'opéra

Vous n’avez pas les bases ? épisode 1

18/09/2022
Elina Garanca dans le rôle-titre de Carmen © Ken Howard / Metropolitan Opera

Vous connaissez forcément ces airs, et vous pouvez peut-être souvent identifier l’opéra dont ils sont issus. Mais quid du contexte ? Le nom de cette œuvre vous tilte à l’oreille, mais de quoi s’agit-il ?Pour démarrer ou réviser, rien de mieux qu’une petite antisèche.
Premier épisode.

« L’amour est un oiseau rebelle » dans Carmen de Bizet

Aussi connu sous le nom de « Habanera », cet hymne à la flamme et à la femme libre par excellence est sans nul doute l’air d’opéra le plus consacré et reconnu de tous. Qui n’a jamais entendu ou fredonné que « L’amour est un oiseau rebelle » ? D’autant plus depuis que Stromae s’en est inspiré pour l’un de ses plus gros succès. Si vous êtes en proie à des sentiments contrariés, laissez-vous emmener par cette héroïne extravagante et séduisante au caractère bien trempé, qui préfère mourir libre plutôt que de vivre sous le joug de la passion. Quatre minutes et trente-cinq secondes de bonheur pour revoir le jeu de la séduction.

« L’air de la reine de la nuit » dans La Flûte enchantée de Mozart

Dans cet air, la reine en colère demande à sa propre fille de tuer son adversaire, le grand prêtre Sarastro, sous peine d’être répudiée. En 1791, Mozart écrivait à son père qu’il rêvait de composer une musique capable de satisfaire les connaisseurs tout en comblant les néophytes, qui seraient charmés par la souveraine. Pari réussi, Mozart signe avec cet opéra un chef-d’œuvre de sensualité musicale, tout en demandant de véritables prouesses techniques aux sopranos dramatiques colorature qui s’emparent du rôle. Cet aria comporte plusieurs contre-fa, des notes haut perchées et techniquement très difficiles à atteindre.


Sonya Yoncheva en Norma au Royal Opera House. © Bill Cooper / Royal Opera House

« Casta Diva » dans Norma de Bellini

Créée en 1831 à la Scala de Milan, l’œuvre s’appuie sur une trame assez simple : deux femmes amies ont des sentiments pour le même homme. Mais l’héroïne doit résoudre une équation à trois inconnues : amour divin, amour charnel et amour maternel. Dans cet air, la prêtresse Norma s’adresse à la lune dans une invocation mystique d’une charge émotionnelle sans pareille. Comme de nombreux airs d’opéra, « Casta diva » a été popularisé par la soprano star Maria Callas dans les années 50. Néophytes, vous reconnaîtrez cet air qui vous semblera familier. C’est normal, les publicitaires ne cessent de l’utiliser : Jean Paul Gaultier, Perrier, L’Or Expresso… Logique, c’est un diamant !

« Largo al factotum » dans Le Barbier de Séville de Rossini

Considérée comme le chef-d’œuvre de l’opéra-bouffe italien, cette oeuvre relate les prémices du mariage du barbier Figaro. Là, il se présente avec panache et humour, interrompant la sérénade du comte à l’endroit de la jeune Rosina. Chanté lors de la première apparition du rôle-titre, cet air pour baryton est souvent considéré, en raison de son débit rapide, comme l’un des plus difficiles à interpréter. Sans nul doute les « Figaro» répétés ad libitum ont contribué à sa popularité et en ont fait l’un des tops du lyrique que l’on peut chantonner sans vraiment en connaître les paroles.

« Va, pensiero » (le Chœur des esclaves) dans Nabucco de Verdi

Ce chant célébrissime est interprété par les chœurs, qui incarnent le peuple hébreu prisonnier à Babylone. Ses paroles, écrites d’après le psaume 137, « Super flumina Babylonis », en font une ode à la liberté qui, à sa création en 1842, dénonce l’occupation autrichienne qui pèse sur la population milanaise.
Du fait de son message, cet «hymne» s’adapte à toutes les époques et à tous les peuples vivant sous l’oppression d’un autre. Les voix ne font que monter en puissance, l’effet émotionnel est garanti.

« La donna è mobile » dans Rigoletto de Verdi

À l’inverse de Carmen, cet air entraînant — qui reste facilement en tête — ne met pas la femme à l’honneur. Il traduit la vision qu’en a le duc de Mantoue, maître du personnage central Rigoletto : la femme est changeante, telle une plume au vent, et son gracieux visage, en larmes ou en rire, est mensonger. Si la woke culture se penchait sur le sujet, elle pourrait bien envisager de tacler ce fleuron du lyrique que tous les ténors de renom ont un jour voulu défendre. Pour lui éviter le pire, rappelons que cet opéra de Verdi, créé en 1851 à Venise, est l’adaptation de la pièce Le Roi s’amuse (1832) de Victor Hugo, un ardent défenseur de la liberté et de l’égalité.

« Un bel di, vedremo » dans Madame Butterfly de Puccini

Dans cet air, le plus célèbre de Madame Butterfly, le rôle-titre, Cio-Cio-San («Mademoiselle Papillon», en japonais) s’adresse à sa servante. Elle imagine le retour de l’officier américain Pinkerton, qui fut son amant d’un soir. Un sinistre individu raciste et cynique dont elle est tombée éperdument amoureuse. L’erreur de jugement de l’héroïne à propos de cet homme a donné naissance au sixième opéra le plus joué au monde. Et pour nous, un moment où l’exaltation et la mélancolie nous embarquent pour un voyage inoubliable.


Robert Gleadow an Figaro à l’Opéra de Lausanne. © Jean-Guy Python

« Non più andrai » dans Les Noces de Figaro de Mozart

Ici, le valet Figaro fait une description pittoresque des amusements auxquels n’aura plus droit le jeune Chérubin, dès lors qu’il entrera dans l’armée. Pour rappel, Chérubin est l’archétype de l’adolescent androgyne qui, s’éveillant à l’amour, se demande sans cesse quels sentiments l’agitent. Dans Les Noces de Figaro, il est le jeune page du comte Almaviva et le filleul de la comtesse, laquelle éveille en lui cette fameuse agitation amoureuse. L’opéra fut créé à Vienne en 1786, soit deux ans après la première représentation officielle à l’Odéon de la pièce de Beaumarchais. Cet air, quant à lui, vous consolera de
(presque) tous les chagrins.

« Una furtiva lagrima » dans L’Élixir d’amour de Donizetti

Cet authentique moment romantique pour ténor est le passage le plus célèbre d’un opéra qui fait la part belle à la cruauté dont font parfois preuve les femmes envers les hommes. Le timide paysan Nemorino est amoureux d’Adina, une fermière riche et instruite qui se moque de lui. Lorsque ce dernier devient un parti idéal après un héritage, toutes les célibataires de la région veulent l’épouser. Adina voit alors clair dans ses propres sentiments et tente de faire comprendre à Nemorino la réalité de son amour. C’est dans cet air que le modeste héros devenu riche reconnaît, à l’aube de son départ à la guerre, une larme dans les yeux d’Adina. La preuve irréfutable, pour lui, de sa sincérité. Rassurez-vous, elle rachètera l’engagement de Nemorino pour qu’il n’ait plus à partir. Happy end, donc.

« Air du Toréador » dans Carmen de Bizet

Pour les jours où la grisaille s’invite par la fenêtre, cet air d’opéra est chargé d’ondes positives. Ici, le toréador Escamillo — second amant de Carmen, après Don José — fait une entrée haute en couleur saluée par la foule, avant de pénétrer dans l’arène. Il décrit diverses situations auxquelles il doit faire face : le taureau, les acclamations de la foule et la célébrité qui accompagne la victoire. Une passe et trois banderilles plus tard, sa mauvaise foi ne sera plus qu’un vague souvenir. Après tout, rien chez lui n’est en or, et pas même en fer blanc.

CLÉMENCE MOULHAC

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