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Airs sérieux et à boire, vol. 3

28/05/2021

Un premier volume, en 2016 (voir O. M. n° 117 p. 78 de mai), un deuxième, en 2019 (voir O. M. n° 149 p. 71 d’avril), et maintenant un troisième : William Christie et ses complices (cinq chanteurs, cinq instrumentistes et le chef au clavecin) font à leurs nombreux admirateurs un nouveau cadeau qui les comblera.

Faut-il souligner encore les qualités de ces interprètes, qui maîtrisent à merveille le style de pages que leur brièveté peut rendre fragiles ? L’homogénéité vocale, lorsqu’ils sont réunis en tutti, la précision et la fluidité des lignes mélodiques, lors des interventions en solistes ? Et, surtout, cette justesse expressive, cette imagination, qui donnent aux mots couleurs et vérité ?

On boit peu, dans ce troisième Airs sérieux et à boire, gravé en studio, en janvier 2019, mais on aime beaucoup ; dans la douleur, le plaisir, la truculence aussi, voire la gauloiserie, lorsque certaines bergères légères font peu de cas de leur pucelage. Quatre compositeurs se partagent le florilège dans sa partie vocale : Claude Le Jeune, Pierre Guédron, Antoine Boesset et Étienne Moulinié.

Si Le Jeune, né vers 1530, se singularise par un usage très mesuré de la polyphonie – ses quatre partitions ici présentes, dont le délicieux Rossignol mon mignon, sur un poème de Ronsard, sont confiées à l’ensemble des interprètes –, ses successeurs, nés respectivement vers 1565 (Guédron), vers 1586 (Boesset) et en 1599 (Moulinié), contribuent à une évolution qui verra, peu à peu, la prédominance du chant à voix seule.

Un seul air de Boesset, « N’espérez plus, mes yeux », au programme, mais il surprend par la virtuosité qu’il exige de la chanteuse, l’excellente Emmanuelle de Negri, dans les doubles chargés d’embellir les reprises suivant la première strophe.

Guédron émerveille par la variété de son inspiration, à l’aise aussi bien dans la gaudriole (Lorsque j’étais petite garce et Que dit-on au village ?), la galanterie (Aux plaisirs, aux délices bergères), l’évocation de la souffrance amoureuse (Quel espoir de guarir, détaillé avec sensibilité par Lisandro Abadie) ou l’extase (Cessés mortels de -soupirer, qui permet à Cyril Auvity de porter à son sommet l’art du bien-dire).

Plus étonnant, et sans doute encore plus touchant à nos oreilles contemporaines, Moulinié. L’intensité poétique et la finesse mélodique du Dialogue de la Nuit et du Soleil, le panache de l’un des rares airs sur des paroles italiennes, « O che gioia ne sento mio bene », enlevé avec esprit par Anna Reinhold, la profonde spiritualité de Dans le lit de la mort, mise en relief avec une émouvante sobriété par Marc Mauillon : autant d’occasions pour les chanteurs de mettre à l’épreuve leur talent et leur sincérité.

Quelques pages instrumentales, dont le poignant Lamento de Pierre Verdier (1627-1706), parsèment cette précieuse anthologie et enrichissent un répertoire inépuisable.

1 CD Harmonia Mundi HAF 8905318

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