Salle Gaveau, Salle Marguerite, 31 mai

Pour son dernier récital de la saison 2021-2022, « L’Instant Lyrique » recevait, dans l’intimiste Salle Marguerite, située au 5e étage de la Salle Gaveau, la jeune mezzo française Adèle Charvet, de retour du Théâtre du Capitole de Toulouse, où elle venait d’interpréter Il barbiere di Siviglia (voir plus haut).

Placé sous le signe de l’amour et intitulé « Tell Me the Truth About Love », le programme fait la part belle aux Cabaret Songs de Benjamin Britten (1913-1976) et William Bolcom (né en 1938), permettant à Adèle Charvet de déployer sa fantaisie et son humour. Toute souriante, la cantatrice aborde Samuel Barber (1910-1981), avec Nocturne, tiré du recueil Four Songs, puis le fort beau The Desire for Hermitage, extrait d’un autre cycle majeur du compositeur américain, Hermit Songs.

La voix, large et chaleureuse, emplit, avec presque trop de générosité, une salle assez réverbérante, qui convient certainement mieux à la mélodie classique ou au lied. Impétueuse, l’interprétation d’Adèle Charvet apparaît un peu trop démonstrative, bousculant la ligne au détriment de la nuance attendue, tandis que l’aigu affirme une certaine part de dureté. Mais l’artiste ne se ménage pas, ardente à communiquer au public ravi son plaisir de chanter et sa volonté de plaire.

Adèle Charvet interprète, de façon plus peaufinée et avec une expression nettement plus approfondie, Je ne t’aime pas,émouvante chanson de Kurt Weill (1900-1950), dédiée à Lys Gauty, grande chanteuse réaliste des années 1930, puis Long Time Ago, extrait des Old American Songs d’Aaron Copland (1900-1990). Du prolifique compositeur américain Jake Heggie (né en 1961), la mezzo s’empare d’Animal Passion, tiré du cycle Natural Selection, avec beaucoup de verve.

Côté français, Erik Satie (1866-1925), avec sa mélodie un rien répétitive Je te veux, figure au programme, tout comme Francis Poulenc (1899-1963), avec les Trois Poèmes de Louise de Vilmorin, puis Je nommerai ton front, sur un fort émouvant texte de Paul Éluard. Si le style reste à creuser pour paraître plus naturel, la musicalité d’Adèle Charvet s’impose.

Avec humour, Antoine Palloc a demandé à la compositrice française Isabelle Aboulker (née en 1938) de bien vouloir mettre en musique un sonnet drolatique du poète Jean Pellerin, membre éminent de l’École fantaisiste : La Grosse Dame chante… Adèle Charvet, se moquant gentiment de son état de grossesse, fait merveille dans cette première mondiale, concluant la soirée avec une reprise d’Amor de Bolcom et les toujours délicieux Chemins de l’amour de Poulenc.

Antoine Palloc suit Adèle Charvet dans tous les aspects du programme, avec ce doigté et ce sens musical qu’il ne cesse de déployer en toutes circonstances.

JOSÉ PONS


© GABI LINCOLN

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