Elizabeth Watts

Con eco d’amore (Arias by Alessandro Scarlatti)

Griselda, Endimione e Cintia, Non so qual più m’ingombra, Eraclea, La Santissima Vergine del Rosario, Correa nel seno amato, Erminia, Con voce festiva, Mitridate Eupatore, Tigrane, Scipione nelle Spagne, Venere, Amore e Ragione, La Statira, A battaglia, pensieri

The English Concert, dir. Laurence Cummings

1 SACD Harmonia Mundi HMU 807574

DIAMANT

Le chant habité d’Elizabeth Watts – lauréate, il y a une dizaine d’années, du prestigieux Prix « Kathleen Ferrier » – sait se montrer captivant dans ce florilège entièrement dévolu à des pages d’Alessandro Scarlatti (1660-1725), enregistré en studio, en 2014. Tour à tour charnu, téméraire, extatique, tendre ou suave, il semble même avoir trouvé un répertoire et un chef propices à son plein épanouissement.

Rappelons qu’après d’inégales cantates de Bach, gravées en 2011 pour le même éditeur, avec Harry Bicket au pupitre, il devenait urgent pour la soprano britannique d’avoir l’opportunité de révéler toute l’étendue de son talent. Et, outre un programme constellé de raretés, mêlant extraits d’opéras, de cantates de chambre, de sérénades et d’oratorios, c’est bien l’accord parfait entre les interprètes et la stupéfiante beauté de la musique qui séduisent.

Difficile de dire, parmi toutes ces merveilles, celles qui éblouissent le plus, Elizabeth Watts ne ménageant pas sa peine pour insuffler à chaque page l’expressivité requise. Constamment en phase avec ce qu’elle chante, la soprano n’hésite jamais à repousser ses limites (quitte à produire des sons parfois moins flatteurs), offrant une succession de pics émotionnels.

Ainsi, comment ne pas succomber au courroux sophistiqué de « Figlio ! Tiranno ! O Dio ! » (Griselda), aux vocalises intrépides de « Torbido, irato, e nero » (Erminia), à la divagation électrisante de « Esci omai » (Mitridate Eupatore) ? Dans le registre de la plainte, la ligne sait se faire plus fluide, singulière et délicieusement fragile, par exemple dans les sublimes « A questo nuovo affanno » (Eraclea) et « Mentr’io godo in dolce oblio » (La Santissima Vergine del Rosario).

La dimension festive et conquérante n’est pas en reste, avec les étincelants « Se geloso è il mio core » (Endimione e Cintia) ou « D’amor l’accesa face » (Venere, Amore e Ragione). À gorge déployée, l’artiste laisse une nouvelle fois éclater sa fougue, rivalisant d’extravagance virtuose avec les instruments solistes (violon, trompette).

Sous l’impulsion de Laurence Cummings, le vénérable orchestre The English Concert rappelle quel écrin sonore racé il peut offrir, pourvu que l’on sache ressusciter sa cohésion, son incomparable transparence et ses couleurs d’antan.

Un disque remarquable !

CYRIL MAZIN

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