Offenbach

Les Contes d’Hoffmann

Eric Cutler (Hoffmann) – Anne Sofie von Otter (La Muse/Nicklausse) – Vito Priante (Lindorf, Coppélius, Miracle, Dapertutto) – Christoph Homberger (Andrès, Cochenille, Frantz, Pitichinaccio) – Ana Durlovski (Olympia) – Measha Brueggergosman (Antonia, Giulietta) – Altea Garrido (Stella) – Graham Valentine (Spalanzani) – Jean-Philippe Lafont (Luther, Crespel)

Coro y Orquestra del Teatro Real de Madrid, dir. Sylvain Cambreling. Mise en scène : Christoph Marthaler. Réalisation : Jérôme Cuvillier (16:9 ; stéréo : PCM ; Dolby Digital 5.1 & DTS 5.1)

1 DVD BelAir Classiques BAC124 & 1 Blu-ray BelAir Classiques BAC424

Ces Contes d’Hoffmann sont, de tous les projets annoncés par Gerard Mortier, dès son arrivée à la tête du Teatro Real de Madrid, celui dont il avait la vision la plus précise – la plus personnelle, aussi. Mais la maladie, puis la mort, à peine plus de deux mois avant la première, s’en mêlèrent, l’empêchant de voir ses idées prendre vie dans l’ici et maintenant de la scène.

Créée en mai 2014 (voir O. M. n° 97 p. 52 de juillet-août), cette production prend donc valeur de testament artistique – en même temps que de dernier manifeste politique, lorsque au dernier acte, Stella invective Hoffmann en citant l’Ultimatum de Fernando Pessoa. D’autant qu’elle réunit le tandem emblématique formé par Sylvain Cambreling et Christoph Marthaler.

Fidèle, à quelques détails près, à la version apocryphe, mais pionnière dans sa volonté d’exhaustivité, établie par Fritz Oeser, le chef français cisèle des textures sombres, épousant à l’extrême le rythme si particulier du théâtre du metteur en scène suisse.

Dans un décor entre atelier, bar et salle de billard, qui évoque le Circulo de Bellas Artes, Marthaler crée une atmosphère à la fois burlesque et délétère, où des personnages désaxés, s’incarnant dans les grandes figures du surréalisme, sont livrés à la solitude et à l’errance, souvent éthylique.

Hoffmann emprunte ainsi son allure au jeune Antonin Artaud, tandis que son rival maléfique cultive sa ressemblance avec André Breton. Du premier, Eric Cutler assume la tessiture tendue avec une endurance et une clarté, du timbre comme de la diction, stupéfiantes. D’une probité vocale et linguistique exemplaire, Vito Priante manque, en revanche, de noirceur et d’aura démoniaque.

Une Olympia stridente, une Antonia pulpeuse et frémissante, mais dépourvue de suraigu, davantage une Giulietta, en somme (Measha Brueggergosman, cumulant l’artiste et la courtisane), doivent s’incliner devant la performance inouïe d’Anne Sofie von Otter en Nicklausse.

MEHDI MAHDAVI

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