3 CD Ricercar RIC 437
Du pur théâtre musical au disque, telle est la réussite de cette somptueuse Semele, plutôt bien servie en discographie, ce qui est moins le cas de son alter ego Hercules.
Dès l’Ouverture, le Millenium Orchestra, dirigé par Leonardo Garcia Alarcon, enchaîne la fluidité de ses cordes à l’âpreté des nobles premiers accords. Servis par une prise de son en studio de grande qualité – avec cette réverbération qui faisait défaut au plein air du Festival de Beaune, en ce même mois de juillet 2021, quand nous avions découvert le nouveau projet du chef argentin (voir O. M. n° 175 p. 33 d’octobre) –, les pupitres solistes, violoncelle et flûte, ravissent, tout comme la précision et l’élégance du Chœur de Chambre de Namur.
On ne résiste pas à se rejouer des pistes particulièrement réussies, comme « Endless pleasure » ou « Cease, cease your vows », où la vivacité n’est jamais précipitation, mais souplesse et joie de jouer. Comparées à des Semele typiquement britanniques, comme les deux enregistrées par John Eliot Gardiner (Erato, puis Soli Deo Gloria), ou la plus confidentielle livrée par Christian Curnyn (Chandos), couleurs et architecture s’équilibrent parfaitement.
La distribution, qui avait soulevé quelques réserves à Beaune, se montre ici éblouissante, avec, en premier lieu, Ana Maria Labin, dont le timbre charnu et fruité pétille dans chaque air de Semele. La Juno de Dara Savinova possède cette raucité un peu masculine qui sied bien à l’acariâtre déesse.
Servi par le studio, Lawrence Zazzo accomplit un sans-faute en Athamas. L’aristocratique Matthew Newlin déploie, cette fois sans contrainte, son ténor lumineux en Jupiter et la basse somptueuse d’Andreas Wolf plonge, sans effort, dans les abîmes de tessiture réclamés à Somnus.
Chacun concourt à porter au premier rang de la discographie cette Semele.
VINCENT BOREL
