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Jon Vickers

28/08/2015
Otello au Metropolitan Opera de New York. © THE METROPOLITAN OPERA ARCHIVES
Otello au Metropolitan Opera de New York. © THE METROPOLITAN OPERA ARCHIVES

Disparu le 10 juillet dernier, après des années de lutte contre la maladie d’Alzheimer, le légendaire ténor canadien a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de l’art lyrique au XXe siècle. Acteur phénoménal, doté d’une voix puissante, à la couleur reconnaissable entre mille, il faisait littéralement corps avec ses personnages. Parmi ses créations majeures : Otello, Samson, Tristan, Énée, Florestan et Peter Grimes.

La force et l’abondance, je ne sais quelle rudesse, l’irrégularité, le sublime, le pathétique, voilà dans les arts le caractère du génie. Chacun des termes de cette définition cueillie dans -l’Encyclopédie pourrait avoir été choisi pour composer le portrait de cet artiste hors du commun. Jon Vickers incarnait en effet un tel génie protéiforme, de la voix et du geste, d’inoubliable manière. La formidable apostrophe de Samson « Arrêtez, ô mes frères ! » préludant à la plus solennelle des déclamations, le réveil d’Énée « Ô lumière de Troie ! » et son irrésistible adresse au spectre d’Hector, le sol aigu de « Gott ! » par lequel Florestan invoquait de manière hallucinante son Dieu dans la prison de Fidelio : autant de surgissements dont une légendaire présence scénique décuplait l’émotion.

Nos enregistrements en préservent l’éloquence vocale. Et musicale, le charisme de l’interprète s’étant toujours nourri d’une discipline naguère acquise dans les chœurs d’oratorio de sa jeunesse, où l’on servait Bach et -Haendel aussi bien que l’art du lied. Le bien chanter, qui suppose une place de voix optimale, Vickers saura le mettre ensuite au service des demi-teintes extatiques de Tristan comme de la voce soffocata d’Otello.

Par un souci de caractérisation, presque taraudant chez cet artiste éminemment cérébral, l’« acteur d’opéra », comme il aimait à se définir, convoquait toutes les -ressources d’un souffle canalisé, au service d’un approfondissement pychologique quasi métaphysique. Au risque parfois de se voir reprocher de prêter à un Don José des nuances parsifaliennes à la limite du contresens, ou à l’inverse de charger son légendaire Peter Grimes d’une plénitude virile qui lui attira les foudres de Britten.

  • Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 109

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