© COSIMO MIRCO MAGLIOCCA

À partir du 26 septembre, celle qui s’est définie, dès son enfance, comme un « homme de théâtre », également connue comme écrivain, revient à l’opéra pour l’ouverture de saison du Théâtre du Capitole, avec Marina Rebeka en Norma et Karine Deshayes en Adalgisa.

Que représente pour vous la figure de Norma, parmi les nombreux portraits de femmes que vous avez construits au théâtre et à l’opéra ?

C’est avant tout une femme libre, comme l’Andromaque de Racine. Par amour, elle ose défier la politique, et, bien avant la prière « Casta diva », ses premiers mots sont pour réclamer la paix, alors que les hommes sont prêts à s’entretuer. Cette image a quelque chose de scandaleux à notre époque de terrifiant repli sur soi, où l’amour fou provoque.

Qu’est-ce qui vous touche dans cet opéra, et comment allez-vous le représenter ?

La partition me bouleverse ; je pleure sur le duo entre Norma et Adalgisa, et il est difficile de ne pas avoir le cœur tordu au finale, qui résonne comme une messe. On doit absolument dépasser l’anecdote et ne pas réduire l’intrigue à un règlement de comptes, pour entendre le grand chant secret de la tragédie, qui s’élève vers une passion. Durant le dernier duo, Norma et Pollione réalisent que le monde n’est pas à la hauteur de leur amour : ils sont sauvés par la musique de Bellini. J’ai écouté cet opéra en me plongeant dans la mythologie celte, pour laquelle j’ai eu un véritable éblouissement. J’ai souhaité, dans mon spectacle, en faire entendre deux poèmes d’une beauté inouïe. La mise en scène est onirique, on entre dans la nuit de Norma. C’est la partition qui fait avancer l’action et il ne se passe rien, sinon l’amour. Avec Abel Orain, nous avons conçu le décor comme un rêve d’enfant, en nous inspirant des récits celtes, et j’ai repris mon travail sur le métal, pour suggérer un pont au-dessus de l’invisible ou un palais magnifique en argent. Pour les costumes, j’ai la chance d’avoir Mine Vergez, dont la façon de choisir les tissus est à pleurer. Le manteau de Norma révèle, dès son entrée sur « Casta diva », quelqu’un d’exceptionnel : c’est aussi une diva.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 153

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