© CYRIL COSSON

À l’affiche de l’Opéra de Rouen Normandie, jusqu’au 3 octobre, en Elisabeth et Venus dans Tannhäuser, la soprano française enchaînera aussitôt avec la fascinante Pénélope de Fauré, en concert, au Théâtre du Capitole de Toulouse, le 23 octobre.

Vous êtes actuellement à Rouen (1), où vous préparez Tannhäuser ; vous y ferez une double prise de rôle, en chantant à la fois Elisabeth et Venus. Un pari déjà tenu, entre autres, par Birgit Nilsson, au disque, et Gwyneth Jones, à la scène… Comment en est-on venu à vous confier les deux héroïnes ?

En fait, quand Loïc Lachenal, le directeur de l’Opéra de Rouen Normandie, m’a contactée pour me proposer Tannhaüser, il m’a tout simplement demandé ce que je préférais chanter. Sachant pertinemment qu’à ce stade de ma carrière, si Venus pouvait sembler un choix assez évident, incarner Elisabeth était, en revanche, inespéré après Isolde, Kundry, Ortrud et Brünnhilde, je me suis dit : « Pourquoi pas les deux ? » C’est évidemment un grand défi, non seulement pour l’endurance, mais aussi pour la différence de tessiture et d’écriture vocale. Malgré tout, je précise qu’il s’agit ici de la version dite « de Dresde » ; cela aurait été beaucoup plus compliqué dans celle « de Paris », où le rôle de Venus est plus développé, et sollicite davantage le grave… Cela m’a rappelé mes débuts, quand j’avais été remarquée au Concours « Wagner Voices », en 2006, justement avec ce répertoire des Wagner « blonds » (Elisabeth, Elsa, Eva) que, finalement, je n’ai pas chanté en scène. Car, comme vous le savez, quatre ans plus tard, mon premier grand rôle wagnérien a été Isolde ! À Rouen, je serai aidée par la vision de David Bobée : contrairement à la lecture de Götz Friedrich, à Bayreuth, avec Gwyneth Jones, où Venus et Elisabeth étaient les deux facettes d’une même héroïne, il s’agira bien ici de deux femmes différentes. Pour Venus, on va s’écarter un peu de son caractère divin. Concernant Elisabeth, je suis très heureuse de pouvoir exploiter une vocalité plus souple, pour faire ressortir toute la tendresse du personnage, avec une recherche de pureté dans la ligne, de luminosité dans le timbre, qui me ramène à mes années d’études avec Mady Mesplé, quand elle me faisait travailler Mozart…

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 165

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