Figaro dans Il barbiere di Siviglia, à Orange (2018). © PHILIPPE GROMELLE

En moins de dix années de carrière, le jeune baryton s’est hissé, sans ralentissements ni sorties de route, parmi les artistes français les plus recherchés au niveau international, entre autres pour Figaro dans Il barbiere di Siviglia, son rôle « signature ». Après Nevers dans Les Huguenots à l’Opéra Bastille, il incarne, jusqu’au 26 décembre, Dandini dans la reprise de La Cenerentola au Palais Garnier. Et l’histoire d’amour avec l’Opéra National de Paris n’est pas près de se terminer, puisque l’attendent Papageno dans Die Zauberflöte, entre avril et juin 2019, puis Bellone et Adario dans Les Indes galantes, en septembre-octobre.

Vous avez réussi à vous faire un nom dans l’univers lyrique en moins de dix ans… Comment expliquez-vous un tel parcours ?

Ces années m’ont permis d’apprendre ce qu’était véritablement le métier. Lorsque j’ai abordé Papageno à l’Opéra National de Bordeaux, en janvier 2010, j’avais été très bien préparé par mon professeur et les chefs de chant, y compris pour la langue allemande, mais je n’étais encore qu’un élève en dernière année de conservatoire. Cela dit, je ne pouvais pas refuser cette opportunité, d’autant que c’était un ouvrage que j’adorais et que je connaissais pratiquement par cœur ; je me suis lancé dans l’aventure avec toute la fougue de la jeunesse, et j’ai commencé à apprendre ce qu’était travailler avec un chef d’orchestre, un metteur en scène… Les choses se sont passées tout en douceur. Depuis, il me semble que je suis sur une autoroute ! Je ne ralentis pas, je me laisse porter par le mouvement…

Pourquoi êtes-vous entré ensuite à l’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris ?

Je suis tout naturellement allé passer une audition. Maryse Castets, dont je suivais l’enseignement au Conservatoire de Bordeaux, estimait qu’étant donné mon jeune âge, il me fallait une structure solide dans laquelle je puisse apprendre le répertoire, ce qui s’est fait grâce à la multitude d’intervenants, de master classes que nous avions. J’avais comme camarades Marianne Crebassa, Cyrille Dubois, Alexandre Duhamel… Nous sommes restés très amis. Marianne et moi avons débuté ensemble à l’Opéra Bastille, dans Rigoletto, en janvier 2012. Elle était le Page, et moi Marullo !

Vous aviez eu également le privilège de recevoir une bonne préparation mentale…

C’est indispensable. L’un des meilleurs conseils que j’ai reçus a été de prendre ce qu’il y a de positif et de laisser le reste. Il faut être comme un chêne aux racines ancrées très profondément, tandis que les feuilles se développent librement et sont en perpétuelle évolution, ne jamais oublier que l’on a besoin d’un socle solide, mais toujours rester curieux.

Pensiez-vous au départ à une carrière musicale ?

Pas du tout ! J’avais envie d’être égyptologue. Mais je suis né dans une famille d’artistes ; ma mère est peintre, et par ma grand-mère, nous avons des origines italiennes. La musique classique a toujours fait partie de notre existence, de manière très naturelle. J’ai commencé par étudier le piano pendant dix ans. J’ai découvert l’art lyrique avec l’enregistrement de Carmen gravé par Maria Callas ; je ne pouvais me détacher de cette voix qui produisait sur moi un effet hypnotique.

Aimiez-vous déjà chanter ?

J’ai toujours aimé ça, de même que le spectacle ; enfant, je me produisais devant la famille. Comme je vous l’ai dit, tout cela me paraissait parfaitement naturel. J’ai pris mes premiers cours de chant à Libourne, avec Françoise Detchenique ; pendant trois ans, j’ai appris les bases et les difficultés que cela implique. J’allais partir en faculté, en classe de musicologie, mais Maryse Castets, qui m’avait entendu, m’a convaincu de rejoindre sa classe au Conservatoire de Bordeaux. À mon entrée là-bas, j’étais sur un nuage, comme dans un bain chaud au milieu de pétales de roses ! J’avais quelques doutes, bien sûr, mais aucune peur, d’autant que je me disais que si j’évoluais, ce serait vers le haut.

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