En répétition. © OPÉRA NATIONAL DE PARIS/ELENA BAUER

À partir du 10 juin, le brillant sociétaire de la Comédie-Française, devenu star du grand écran grâce à son film Les Garçons et Guillaume, à table !, ajoute une nouvelle corde à son arc en mettant en scène son premier opéra, La Cenerentola, au Palais Garnier.

Comment avez-vous réagi, lorsque Stéphane Lissner vous a choisi pour mettre en scène La Cenerentola ?

Cela s’est fait en deux temps. Stéphane Lissner m’a proposé ce spectacle et j’ai dit : « Mais pourquoi moi ? » Ce à quoi il a répondu : « Parce que ça traite de la famille, parce que c’est drôle et cruel, à la fois. » Ensuite, il m’a confié avoir effectué la même démarche, lorsqu’il était au Châtelet, auprès du regretté Klaus Michael Grüber, pour une production de La Cenerentola, donnée pendant la saison 1985-1986. Or, Grüber est quelqu’un auquel je reste très attaché. J’ai été intrigué, touché. Et j’’ai fini par accepter.

Connaissiez-vous l’ouvrage ?

Non, je ne l’avais ni vu, ni entendu ; l’opéra qui m’attirait, c’était celui de Mozart ou des Russes : Moussorgski, Tchaïkovski… En fait, ma première réaction, quand j’entends de la musique, est l’envie de danser, de bouger. J’ai donc écouté La Cenerentola et, au début, j’ai cru être l’empereur Joseph II dans Amadeus, reprochant à Mozart d’avoir mis trop de notes dans Die Entführung aus dem Serail ! Certains passages m’ont, néanmoins, semblé superbes et j’ai fini par être séduit.

Vous avez donc écouté bon nombre de disques et visionné des vidéos ?

Oui, tout en m’efforçant de ne pas avoir l’esprit pollué par certaines productions, tirant trop ce « dramma giocoso » vers l’« opera buffa », avec des interprètes qui grimaçaient et le figeaient d’une manière qui me rebutait, empêchant qu’il puisse voyager vers moi. Heureusement, j’ai eu la chance de regarder une captation de la mise en scène de Grüber ; une vision très brechtienne, avec ces chœurs à l’arrière uniquement dans leur fonction de chœur, ces décors très minimalistes, et cette mélancolie entourant les protagonistes. Ramiro apparaît ainsi vêtu d’une grande cape, comme pourrait en porter un héros mozartien. Autant qu’Angelina, le prince est, en effet, un handicapé de l’enfance – ce qui nous projette dans un monde bien éloigné de l’« opera buffa » ! J’ai scruté de près le texte, et son rapport avec cette musique fougueuse, qui avance sans cesse.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 129

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