Jérôme Deschamps DR Marc Vanappelghem (2) - Copie
© MARC VANAPPELGHEM

Le directeur de la Salle Favart quitte ses fonctions à la fin de cette saison 2014-2015, en mettant lui-même en scène Les Mousquetaires au couvent. Retour sur un parcours sans faute, qui a redonné à l’établissement son lustre d’antan.

Comment êtes-vous arrivé à la tête de l’Opéra-Comique ?

J’oserais dire que j’ai atterri là sur un coup de dés, presque par hasard ! J’avais rendez-vous au ministère de la Culture avec un conseiller de l’équipe de Renaud Donnedieu de Vabres s’occupant du théâtre. Il m’a dit n’avoir rien trouvé pour moi, mais de toute façon, je n’avais rien demandé ; avant que je prenne congé, il a néanmoins suggéré : « Il y a bien l’Opéra-Comique »… et s’est étonné de voir que je prêtais attention à ce nom. Il m’a présenté un autre conseiller, chargé de la musique, auquel j’ai expliqué qu

e la Salle Favart n’avait pas une vie artistique à la hauteur de son -passé. J’avais l’impression d’enfoncer une porte ouverte !

Mais vous les avez apparemment intéressés.

Je crois, avant tout, les avoir surpris. De fil en aiguille, ils m’ont demandé d’écrire une note, puis m’ont fait rencontrer Maryvonne de Saint-Pulgent, la présidente du conseil d’administration, auprès de laquelle j’ai repris mon discours. À ma grande stupéfaction, elle m’a appris, quelques jours plus tard, que j’étais sélectionné parmi les candidats à la direction de l’établissement, alors que je n’avais jamais posé de candidature ! Il a fallu que je développe le projet, que je le présente. De toute manière, je n’avais rien à perdre.

À quoi pensiez-vous en détaillant votre projet par écrit ?

Ce processus d’écriture a été une expérience formidable ! J’avais l’impression de rêver éveillé, de pouvoir exposer tout ce qui me passait par la tête pour l’avenir de cette maison sublime qui, telle que je la percevais, ressemblait à la Belle au bois dormant.

Comment les autorités de tutelle ont-elles réagi lorsque vous avez abordé les questions de budget ?

J’ai été très clair dès le départ : « Voici mon projet. Pour le mener à bien, j’ai besoin de 10 millions d’euros ; si vous ne pouvez pas me les accorder, confiez le poste à quelqu’un d’autre. » Ce projet était cher, c’est vrai, pour une maison qui, à l’époque, recevait seulement 6 millions d’euros de subvention… Sauf que dépenser 6 millions pour aboutir à un échec est encore plus coûteux qu’en engager 10 pour réussir ! J’ai donc obtenu ce que je demandais. Et, dès le départ, avec Olivier Mantei, le directeur adjoint, nous avons mis sur pied une intense politique de coproductions, pour diminuer les coûts.

Les grandes lignes de votre action concernant le répertoire étaient donc déjà bien définies…

Oui, elles me paraissaient simples et logiques : ressusciter le répertoire, introduire la musique baroque et renouer avec l’activité de création qui avait contribué à la réputation de la maison. J’avais vu peu de choses Salle Favart, mais le lieu me paraissait avoir une vie cahotique depuis les années 1970. Des gens courageux, comme Thierry Fouquet ou Pierre Médecin, avaient certes obtenu des résultats ponctuels, mais il paraissait difficile de s’inscrire dans la durée.

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