Dans Die Opernprobe, à Nantes (2021). © JEAN-MARIE JAGU

Tous les théâtres lyriques n’ont pas de chanteur soliste « en résidence ». L’institution dirigée par Alain Surrans en a deux, depuis le début de la saison 2020-2021, qui participent à une multitude de projets sur l’année, notamment pour rendre l’opéra accessible à tous.

Vous êtes, tous les deux, « artistes en résidence » à Angers Nantes Opéra. Qu’est-ce que cela signifie ?

Marc Scoffoni. Je commence, si Marie-Bénédicte le permet, puisque j’ai eu l’honneur d’inaugurer ce statut, imaginé par Alain Surrans, directeur général d’Angers Nantes Opéra, en 2019-2020. L’expérience a été reconduite, cette saison, où j’ai donc été rejoint par une seconde « artiste en résidence », Marie-Bénédicte, et nous sommes bien partis pour continuer, en 2021-2022. Cet intitulé désigne un artiste polyvalent, appelé à intervenir, tout au long de l’année, de plusieurs manières. D’abord, bien sûr, comme chanteur d’opéra, en participant à plusieurs productions de la maison, qu’elles soient traditionnelles ou conçues pour les enfants. Ensuite, il doit assurer la présentation de « Ça va mieux en le chantant », une série de concerts participatifs, où il fait le lien entre les spectateurs et les autres artistes sur scène. Enfin, il part à la rencontre de gens très différents sur tout le territoire. Le souhait d’Alain Surrans est d’ouvrir l’opéra au plus large public possible. Il est donc important qu’il y ait un ou deux artistes lyriques « permanents », que l’on puisse connaître et suivre au cours de la saison. On cesse ainsi d’être ce que j’appelle un OVNI (Objet Vocal Non Identifié), ce pour quoi on peut facilement passer, quand on arrive pour répéter, jouer, et repartir aussitôt la série de représentations finie. Il s’agit aussi de casser les clichés du chanteur d’opéra, de le désacraliser et le démythifier, en montrant qu’il est comme tout le monde, et accessible, en particulier, pour répondre aux questions.

Marie-Bénédicte Souquet. L’un comme l’autre, nous travaillons, depuis des années, avec Alain Surrans, du temps où il était directeur de l’Opéra de Rennes. C’est donc une valorisation – rarissime et, pour tout dire, très gratifiante – de notre fidélité, avec une confiance mutuelle qui s’est instaurée. Un peu le contrepied de notre statut d’intermittent, où l’on doit, à chaque fois, repartir de zéro et refaire ses preuves. C’est, pour moi, le compromis parfait : on reste intermittent, mais notre partenariat nous autorise à tisser des liens beaucoup plus personnels. Ainsi, c’est la première fois que je connais tous les membres du chœur d’une maison par leurs prénoms ! D’autre part, cela nous permet d’exister différemment au sein d’un système essentiellement administratif, où les artistes sont, en général, peu associés aux décisions. Par exemple, pour ces concerts participatifs dont parlait Marc, si le thème est défini par le directeur, je peux aussi proposer des pièces… même si ce n’est pas forcément moi qui vais les chanter. Par ailleurs, c’est très inhabituel d’avoir à jouer les présentatrices !

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