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Commande de l’Opéra National de Paris, Bérénice, dont le compositeur suisse a également signé le livret, verra le jour au Palais Garnier, le 29 septembre. Philippe Jordan sera au pupitre, Claus Guth à la mise en scène, et Barbara Hannigan incarnera la reine de Judée.

Vous avez déjà signé plusieurs partitions pour le théâtre…

Oui, j’ai commencé par un opéra de chambre intitulé Dérives, que j’ai retiré de mon catalogue. Puis j’ai écrit deux ballets, une musique de scène pour Lysistrata, l’opéra Galilei, Le Père d’après Heiner Müller, Siegfried, « nocturne » sur un livret d’Olivier Py, et Cassandre, que j’appelle « opéra parlé ». Avec Bérénice, il s’agissait de composer un opéra inspiré d’une œuvre littéraire française : j’ai d’abord songé à Moravagine de Cendrars, mais ce texte éclaté m’a paru difficile à représenter. C’est pourquoi j’ai choisi Racine et ses trois unités.

Pourquoi avoir préféré la Bérénice de Racine au Tite et Bérénice de Corneille, créé la même année, en 1670 ?

Je trouve la langue de Racine plus belle que celle de Corneille. Mais c’est un français éloigné du français parlé d’aujourd’hui, et qui a sa musique propre. J’ai rédigé moi-même le livret en supprimant et modifiant de nombreux vers, en conservant la langue mais sans le rythme de l’alexandrin. Dans la pièce, tout repose sur le moment où Titus devient, d’une certaine manière, adulte. Quand son père Vespasien meurt, le jeune batailleur qu’était Titus prend conscience de ses responsabilités et devient épris de justice. Quant à Bérénice, certes elle est amoureuse, mais ce n’est pas celle qu’on croit. On affirme souvent qu’elle incarne l’amour comme seule une femme peut le faire, mais Bérénice, d’après certains écrits, a 49 ans ; elle a déjà été mariée trois fois et joue avec Titus sa dernière carte, à la fois amoureuse et politique. Appartenant à la famille royale de Judée, elle a été emmenée à Rome après la destruction du Temple de Jérusalem par Titus. Bérénice est dans une impasse : même si le jeune empereur renonçait pour elle au pouvoir, elle sait bien qu’elle ne pourrait pas revenir en Palestine.

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