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À partir du 26 janvier, à l’Opéra de Toulon, l’un des plus grands chefs français de ces cinquante dernières années, régulièrement applaudi aux quatre coins du monde, retrouve Pelléas et Mélisande, qu’il a dirigé pour la première fois à la Scala de Milan, en 1962.

Vous allez bientôt retrouver Pelléas et Mélisande à l’Opéra de Toulon. C’est un ouvrage que vous connaissez bien ; combien de fois l’avez-vous dirigé ?

On m’a posé bien souvent la question et j’avoue être incapable d’y répondre ! En fait, c’est une longue histoire. Un jour, mon épouse m’a offert une partition de cet opéra, dont j’étais loin d’être fanatique à l’époque. Et puis, Louis Beydts, qui avait composé de nombreuses musiques de scène pour la Comédie-Française, m’a demandé de collaborer avec lui. Le premier soir, dans ma loge, m’attendait un cadeau : une partition de Pelléas ! Ces coïncidences ont commencé à me troubler. En 1959, Gabriel Dussurget m’a fait venir au Festival d’Aix-en-Provence pour prendre la suite d’Alberto Erede, souffrant, qui ne pouvait pas assurer la totalité des représentations de Die Zauberflöte. Il m’a ensuite réinvité régulièrement. Dussurget souhaitait monter Pelléas avec Gabriel Bacquier, mais celui-ci refusait. Je dirigeais un Mozart dans lequel il chantait, peut-être Cosi fan tutte, et j’ai été chargé de le convaincre. Il a fini par céder et, en 1966, l’ouvrage est entré au Festival, sous ma direction, dans une production de Jacques Dupont, avec Bacquier en Golaud. Je garde des souvenirs merveilleux de ces soirées au Théâtre de l’Archevêché, la première année comme lors des reprises de 1968 et 1972.

Mais entre-temps, il y avait eu la Scala de Milan, en 1962 : une date décisive…

C’est arrivé grâce à Hervé Dugardin, éditeur de musique qui allait prendre ensuite la tête de la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux, entre 1963 et 1965. Un jour, il m’appelle pour me dire qu’Herbert von Karajan, devant diriger Pelléas à la Scala, souhaite que je prépare l’orchestre. Étonné et impressionné, j’accepte et j’arrive à Milan totalement vierge, si je puis dire, puisque c’était mon premier contact professionnel avec l’ouvrage. Les répétitions se passent bien et je rentre à Paris… pour repartir quasiment aussitôt. Karajan étant souffrant, on me demande, cette fois, de diriger les représentations. Vous imaginez ma joie… et quel choc cela a été pour moi. J’ai eu à peine une heure de raccords avant la générale ! Vous vous souvenez que Golaud entre en scène, en se demandant comment « sortir de cette forêt » ; je me posais la même question ! Mais les critiques ont été bonnes et, à partir de ce moment, mon compagnonnage avec Pelléas a été constant.

Vous l’avez emmené dans le monde entier…

Pour mes débuts au Staatsoper de Vienne, par exemple, en 1967, théâtre où je suis revenu quatre années de suite. Un autre grand souvenir reste une version de concert à Amsterdam, avec le Philharmonique d’Hilversum. À 13 h 30 (!), je pensais qu’il n’y aurait pas un chat… En fait, la salle était comble, et tout s’est terminé par une « standing ovation » ; c’était bouleversant.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 113

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