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Commande de l’Opéra-Comique à la jeune compositrice colombienne, La Princesse légère, d’après un conte de George MacDonald, sera créée à l’Opéra de Lille, le 13 décembre, avant d’être présentée Salle Favart, du 9 au 11 mars 2018.

Après avoir étudié en Colombie, vous avez poursuivi votre formation en France, à l’Ircam, dans le cursus de composition et informatique musicale, et maintenant au CNSMD de Paris, en master de composition électroacoustique. Vos œuvres instrumentales et vos installations se singularisent par une exploration des possibilités démultipliées de la matière et du champ sonore. Comment la composition de La Princesse légère s’inscrit-elle dans ce parcours ?

L’opportunité d’écrire un opéra s’est présentée sous la forme d’une commande d’Olivier Mantei, directeur de l’Opéra-Comique. Elle m’est apparue comme l’occasion parfaite pour approfondir et développer mes idées, musicales comme scéniques, dans le cadre d’un travail d’équipe. Elle m’a permis d’ouvrir un grand chantier de découvertes sur la voix, que je n’avais pas encore pu creuser. J’ai cherché dans la vaste palette des vocalités, classiques, contemporaines, lyriques ou populaires, aussi bien théâtrales que musicales, les voix qui m’intéressaient, pour retenir celles qui étaient pertinentes pour cet opéra. J’ai pu prendre de la distance par rapport à mon univers habituel, essentiellement abstrait, concevoir et élaborer mes intuitions musicales au profit d’une clarté narrative, avec des situations émotionnelles très concrètes, ce qui, pour moi, s’est révélé être une grande libération esthétique.

Pourquoi le choix du sujet de votre premier opéra s’est-il porté sur The Light Princess (La Princesse légère), un conte fantastique, absurde et inquiétant de George MacDonald, un contemporain de Lewis Carroll ?

L’initiative de ce texte appartient au metteur en scène Jos Houben. J’ai d’emblée adopté sa proposition. Le but poursuivi était de composer une œuvre lyrique à caractère universel, qui touche tous les publics. Les contes de fées sont des récits simples, destinés à instruire en amusant. Grâce à des figures archétypales, ils abordent des questions majeures, qui interrogent les ressorts de la condition humaine. L’univers de ce conte extraordinaire et émouvant m’a touchée par sa dimension poétique et ludique, par sa profondeur. Il évoque l’histoire d’une très jeune princesse, victime du mauvais sort jeté par une méchante sorcière, qui la condamne à échapper aux lois de la pesanteur, tant physique qu’émotionnelle, puisqu’elle rit de tout, tout le temps, et qu’elle flotte en liberté dans les airs. La Princesse ne souffre ni de son état, ni du malheur qu’il provoque chez ses proches. C’est en découvrant l’amour responsable du Prince, sa conscience du devoir et du sacrifice, qu’elle comprend la gravité du sens de la vie, la douleur des larmes et le vrai bonheur. Cette apparente innocence, par rapport au monde normé des adultes, questionne le cours de notre existence, qui mêle, de manière impitoyable, légèreté et gravité.

Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 134

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